Amiens invente le médical de demain

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Actualités et conseils sur les carrières dans le nord
Filière et métiers
Publié le mardi 02 mai 2017
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En complément d’un centre hospitalier flambant neuf, l’ex-préfecture picarde accueille un cluster d’entreprises, dédié à la e-santé. Une force pour imaginer l’avenir du secteur et développer l’emploi.

Par Martin de Kerimel / SOPRESS

Rapprocher les centres de recherche et établissements d’enseignement supérieur avec le réseau des entreprises (grands groupes, PME et start-ups) locales : c’est le principe du cluster e-Santé, mis sur pied à Amiens au début de l’été 2016. Cette initiative d’Amiens Métropole propose à ces acteurs d’accompagner leurs projets, individuels ou collectifs, sur les plans stratégique et opérationnel. Elle vise ainsi à favoriser leur accès au marché et à servir l’attractivité du territoire, en y attirant de nouveaux talents. Objectif annoncé : faire baisser le taux de chômage du bassin d’emploi amiénois, pour le ramener au niveau de la moyenne nationale. Les besoins de main d’œuvre en e-santé n’étant pas toujours définis, un Observatoire de ses nouveaux métiers a également été créé.

Agir pour l’économie du territoire

Le lancement du cluster s’inscrit dans une stratégie plus large : le Pacte pour l'emploi et l'innovation 2014-20. L’initiative souligne l’engagement d’autres partenaires publics : Région, Département, Université de Picardie Jules-Verne, Caisse des dépôts, Chambre de commerce et d’industrie d’Amiens. Elle repose sur trois pôles d’activité (technologies de la santé, design numérique, autonomie énergétique), chacun appuyé sur un cluster spécifique. Amiens Cluster, une association commune aux trois entités, a été créée pour accompagner les entreprises engagées dans leur communication et leurs prospections commerciales. Conçu pour être complémentaire d’autres pôles de la région, le cluster e-santé s’oriente sur les soins individualisés, y compris avant et après l’accueil des patients en structure hospitalière. Il devrait concentrer son action sur la collecte et le traitement des données numériques pour la mise en place des processus médicaux personnalisés, ainsi que la simulation et les autres outils innovants dédiés aux professionnels de santé.

Inventer les activités de demain

L’implantation d’entreprises et la création de nouvelles entités économiques sont clairement envisagées. « Difficile de donner un chiffre précis, mais nous devrions compter une cinquantaine d’adhérents l’an prochain », juge donc François-Xavier Level, délégué du Pacte pour l’emploi et l’innovation. Du 24 au 26 mars dernier, un start-up week-end a été organisé à Amiens : pendant 54 heures, il a offert à quelque 80 participants l’opportunité de présenter leurs projets innovants en matière de e-santé. Plusieurs d’entre eux pourraient ainsi venir renforcer les rangs du cluster. Les entreprises innovantes pourront y être incubées et suivies en pépinière. Plusieurs centaines d’emplois pourraient ainsi être créées, d’ici cinq à six ans.

EXERGUE

En complément d’un cluster dédié, un Observatoire des nouveaux métiers de la e-santé a été créé.

En chiffres

  • 30 000 personnes environ travaillent dans le secteur de la e-santé en France
  • 2,4 milliards d’euros pour le marché de la e-santé en France l’année dernière.
  • 30 % des entreprises françaises du secteur de la e-santé sont des start-ups.

Interview

Ivan Lee
Directeur de Pixo 3D

À la tête d’un studio de modélisation 3D, vous avez pu prendre part aux travaux de préfiguration du cluster. Pourquoi vous être tourné vers le secteur de la santé ?

J’ai commencé comme auto-entrepreneur et mes premières opportunités ont concerné le domaine médical. C’est ce qui m’a encourager à m’orienter vers ce secteur. Cela m’a semblé évident de faire partie d’une structure comme le cluster : je trouve positif de me trouver au milieu d’entrepreneurs plus avancés ou de grosses structures, qui peuvent être porteurs de projets ou apporteurs d’affaires pour Pixo 3D.

Aujourd’hui, comment envisagez-vous votre développement ?

Mon entreprise se limite à moi-même et à quelques freelances. Si je parviens à fonder une équipe, il serait logique de me développer à l’international. Pour l’heure, je dois gérer à la fois la partie administrative, la comptabilité, la prospection, la création, la production et le management ! Si je veux passer une étape et donc aller au-delà de petits projets, il faudra que je trouve un ou deux associés, particulièrement pour la vente et du marketing. Un flux financier me permettrait d’entrer dans une logique de croissance et, ensuite, d’embaucher.

Pensez-vous continuer à travailler dans le secteur de la santé ?

Oui, mais m’y consacrer exclusivement. La modélisation 3D est une activité qui peut recouvrir des secteurs très variés. Être membre du cluster e-Santé m’a apporté deux contrats, dont le plus gros de ceux que j’ai eu à faire jusqu’à présent. En faire partie s’avère donc très positif pour l’instant.

La simulation médicale en pointe

Autre signe du dynamisme du secteur de la santé à Amiens : la ville accueille également le plus grand centre de simulation médicale d’Europe. En activité depuis janvier dernier et baptisé SimUSanté, cet établissement de 3 600 m2 s’appuie notamment sur des pôles d’excellence et l’expertise de médecins spécialistes, dans les domaines de la neurochirurgie assistée par la robotique, de la chirurgie cardiaque et de la chirurgie maxillo-faciale, notamment. Une centaine de formateurs y anime chaque jour des sessions interprofessionnelles et pluridisciplinaires. Le centre regroupe 51 espaces de simulation, répartis sur trois étages, 43 locaux dotés d’équipements audio et vidéo, ainsi que 150 mannequins et simulateurs. Orienté vers les professionnels en exercice et les étudiants, il propose également plusieurs formations et outils à d’autres acteurs majeurs de la santé : aides à domiciles, familles, patients et associations. SimUSanté se consacre également à la recherche : il vise à améliorer les pratiques de soin aux plans technique, relationnel et organisationnel.